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Peindre l’avenir pour mieux vendre le présent : l’art mercantile décomplexé


Un contraste marqué avec l’approche entrepreneuriale : un potentiel d’enrichissement mutuel ?

Si les artistes entrepreneurs privilégient la rigueur et la formalisation, et les associations la souplesse et l’échange, ces deux univers peuvent s’enrichir mutuellement. L’art, par nature, est une aventure humaine qui gagne à dépasser les clivages pour créer des ponts durables entre passion, professionnalisme et partage.

Cet article met en perspective les enjeux liés au statut d’artiste entrepreneur face aux valeurs et pratiques associatives, en soulignant les différences culturelles, les points de tension, mais aussi les pistes pour un dialogue constructif. Il s’appuie sur des exemples concrets et des analyses issues des milieux artistiques et entrepreneuriaux.

Il faut bien souligner que certains artistes ne se limitent pas à leur seule activité artistique traditionnelle. Ils peuvent cumuler plusieurs casquettes entrepreneuriales, parfois dans des domaines très différents, mêlant création artistique et prestations à forte valeur commerciale, comme des services personnels ou ésotériques. Cette diversification révèle une approche pragmatique du marché, où la créativité se décline aussi bien en œuvres qu’en offres de services variés.



Cette posture commerciale, qui mélange art et autres activités lucratives, traduit une vision de l’artiste comme une marque à exploiter sous toutes ses formes, sans cloisonnement ni retenue. Elle éclaire aussi la rigidité et l’exigence parfois affichées dans les relations avec le monde associatif : une volonté de contrôle total, de rentabilité immédiate et de protection maximale, reflet d’un esprit d’entrepreneure aguerrie, mais peu encline à la souplesse ou à la compréhension des valeurs non marchandes.

Ainsi, la profondeur de cet esprit mercantile s’exprime dans cette capacité à conjuguer plusieurs casquettes lucratives, à imposer un cadre strict et à défendre ses intérêts avec fermeté. Cette posture, si elle peut garantir une certaine efficacité économique, révèle aussi une forme de fermeture d’esprit et un éloignement des dynamiques collaboratives et humaines qui fondent souvent la richesse des échanges artistiques en milieu associatif.


Quand l’artiste vend aussi l’avenir : Le grand écart mercantile de la création

L’association d’une démarche artistique contemporaine avec des pratiques divinatoires ou ésotériques peut surprendre, voire titiller l’esprit critique avec un brin de sarcasme. On imagine aisément un vernissage où, entre deux toiles abstraites, le visiteur se voit proposer une séance de voyance pour mieux « comprendre » l’œuvre — ou son avenir.

Cette double casquette artistique et ésotérique révèle une stratégie de diversification commerciale aussi pragmatique que déconcertante. Pourquoi se contenter d’un seul marché quand on peut jongler entre la galerie d’art et un cabinet de prestations personnalisées ? Cette audace force le respect, mais laisse aussi perplexe quant à la cohérence artistique.

Le public est partagé. Certains admirent cette audace à mélanger les sphères, y voyant une forme d’expression totale, un art de vivre où le visible et l’invisible se confondent. D’autres, plus terre-à-terre, se demandent si l’on ne frôle pas le grand écart conceptuel entre quête esthétique et business de la prédiction. Après tout, la peinture contemporaine invite à la contemplation et à l’interprétation, tandis que la voyance promet des réponses calibrées pour rassurer.

Cette cohabitation improbable illustre à merveille l’esprit mercantile de certains artistes-entrepreneurs : multiplier les casquettes, exploiter toutes les niches, et surtout ne rien laisser au hasard. Dans ce monde où l’art se vend comme un produit, pourquoi ne pas vendre aussi un peu de mystère et de futur ? C’est l’art du « tout-en-un », version 2.0, où la créativité se mesure aussi en nombre de services proposés.

Au final, cette alliance entre peinture et voyance interroge autant qu’elle amuse. Elle témoigne d’une époque où l’artiste n’est plus seulement un créateur inspiré, mais un entrepreneur tous azimuts, prêt à tout pour capter l’attention — et le portefeuille — du public. Une démarche qui, si elle peut paraître cynique, est aussi symptomatique d’un monde de l’art en pleine mutation, où la frontière entre authenticité et commerce devient de plus en plus floue.


Un reflet des divergences culturelles

L’annulation de dernière minute d’une exposition prévue au mois d'avril à la galerie, ne peut se réduire à un simple désistement logistique. Elle révèle au contraire les raisons profondes d’un état d’esprit entrepreneurial rigide, centré sur la visibilité immédiate, la sécurité contractuelle et la rentabilité, dans une posture peu encline à la souplesse et à la confiance mutuelle.

Ce refus de se plier aux pratiques associatives, pourtant fondées sur la coopération et le partage, traduit une vision mercantile où l’art devient un produit à protéger et à valoriser avant tout. Cette situation met en lumière le fossé culturel et relationnel entre certains artistes-entrepreneurs aux exigences strictes et un milieu associatif porté par des valeurs de bienveillance et d’ouverture.



Derrière cette annulation se cache donc une fracture plus large, symptomatique des tensions actuelles entre professionnalisation de l’art et engagement collectif. Au-delà du cas particulier, cette affaire invite à réfléchir sur les conditions d’accueil des artistes dans les structures associatives, sur la nécessité d’un dialogue plus approfondi et sur la recherche d’un équilibre entre rigueur professionnelle et esprit de partage.


Elle pose aussi la question de la place de l’artiste dans un monde où l’art se commercialise à outrance, parfois au détriment des échanges humains et de la richesse des rencontres. Ainsi, cette annulation n’est pas qu’un incident ponctuel : elle est le reflet d’une époque où l’art, entre business et création, doit sans cesse négocier ses valeurs et ses pratiques pour ne pas perdre son âme.


N.C.

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