Mamezelle Diarra
"Mille et une vies"
Exposition du 29 novembre au 21 décembre 2014
Vernissage le samedi 29 novembre à 19 heures en présense de l'artiste
Ce sont cinquante et un instantanés saisis, en 2011, au long d’un itinéraire qui a conduit l’artiste de Sète à l’Espagne, au Maroc, au Sahara, à la Mauritanie et au Sénégal, qui nous sont offerts en partage.
Véritable kaléidoscope. Du noir au blanc… en passant par toutes les nuances de gris, entre ombre et lumière.
Captations de lieux, de rues ou de l’intimité des maisons, d’objets du quotidien, de personnages, d’extraits de vie, fragments d’une histoire, d’une société… Hommes en discussion au café, à la plage ; vieux vendeur de bouquet de menthe tendu au passant comme un bouquet de roses ; serveur à chemise blanche ; jeune femme-reine dans sa robe lumineuse ; enfants vendeurs de beignets pour survivre ; femme dans la cuisine ou lessive dans les eaux du fleuve… carré blanc d’une habitation dans le désert, chambre modeste, étals de cigarettes, crocs de boucher et gigots, linge-étendard et jeux d’ombres sur la terrasse comme une ville reconstruite, bouilloire et théière étincelantes, objets symboliques de désir, de plaisir, qui vibrent, irradient, deviennent palpables, que l’on entend presque chanter sous la flamme… Enseignes, publicités : « Hôtel du Bon voisinage »… Et politique : portraits du roi du Maroc dans les lieux publics…
D'une photo à l'autre… on vogue, on glisse de vie en vie, d’un récit à l'autre, dans un savant mouvement de flux et de reflux, un infini balancement entre ancienne et nouvelle histoire. Chaque récit a sa propre intensité, le tout formant une belle construction, rythmée par des images qui claquent, glissent, frappent, nous emportent. L'instantanéité de la perception de l’artiste - et de nous-même qui regardons la photo - n'épuise pas la totalité de ce que l'on peut percevoir. Il faut s’arrêter, observer pour découvrir d’autres images dans l’image, d’autres sens. Et réflexions.
Le flou du mouvement de certaines photos semble faire fait écho aux évolutions, aux mutations d’un monde qui, à la croisée, entre tradition et modernité, hésite toutefois sur le chemin à suivre - À droite ou à gauche ? Bir Anzarane ou El Argoub ? Ou rester là comme le chien noir du premier plan ? …. Troubles des images exprimés par les clichés de femmes saisies dans les gestes du quotidien, la préparation des repas, l’entretien du linge, ou, dans les rues, affichant parfois par leurs vêtements leur modernité. Trouver sa place en se fondant dans le décor, comme ces portraits de femmes dont la blancheur du voile et les points qui ponctuent la longue robe font écho aux mosaïques des murs… S’intégrer ou s’affirmer, et étinceler ?
Multiples images à dimension sociale et poétique. Vision qui en dit long sur l’œil et le cœur qui capte, ce regard fraternel et émerveillé pour un monde si proche et si lointain. Et qui nous dit la nostalgie…
Annie Mollard-Desfour.