Impression des Hauts Cantons est un hommage conjugué à la cartographie et à une région économique : La vallée de l’Orb en Occitanie qui constitue un espace particulièrement riche, traversée par des paysages, des hommes et des femmes, des pratiques, des images, des représentations voire des originalités…
Cette proposition atypique est une tentative de représentation documentaire et sensible de cet espace multiple, aux confins de l'Auvergne et du Languedoc : les Hauts Cantons à cheval sur deux cultures, la française et l’occitane.
Impression des Hauts Cantons n’est pas une exposition d’arts plastiques, mais une chronique transversale posant en interaction et en synergie des domaines aussi disparate que la langue, la géologie, l’histoire, l’économie, la société et l’art.
Elle nous permet de penser différemment la perception de l’exposition. Comment mettre en œuvre une vitrine contemporaine qui ne soit pas totalement ou simplement dédiée à l’art contemporain, qui laisse libre d’apprécier le territoire, sans enfermement ?
Ainsi, Impressions des Hauts Cantons privilégient le vivre ensemble, les relations, les proximités, les affinités, plutôt que les objets divinisés ou idolâtrés…
Que sont les Hauts Cantons ?
Entre Cévennes et Montagne Noire, de Bédarieux à Saint Pons au nord de Béziers, s'étend un "pays" bien divers, mais non sans unité. Entre le sud du Massif Central et la plaine languedocienne, ces hautes terres méditerranéennes sont riches d'un patrimoine géographique et humain très ancien.
Le pic de Tantajo domine Bédarieux. Sommets aigus, hautes terres arrondies, incisions torrentielles, dômes des massifs dominant les vallées. L'altitude varie de 200 à plus de 1 000 mètres. Et dans les gorges d'Héric, au droit de Tarassac, les aiguilles des roches métamorphiques semblent un morceau de Chine. Ce pays que l'on traverse pour gagner Saint Pons à l'ouest et les plaines du Tarn a une unité car il a une très vieille histoire.
Tout l'ordonne autour du val de l'Orb descendu du pied du Larzac. Il serpente dans les Monts d'Orb au nord de Bédarieux et se coule dans le couloir Est-Ouest, entre les hauts massifs qui dominent sa rive droite et les Avant-monts au sud [surplombant], avant d'entailler ces derniers pour rejoindre la plaine biterroise. Ce sont les témoins d'une très ancienne histoire, bien plus ancienne que celle des hommes. Les vignerons, parfois, trouvent dans les cailloux des vignes d'étranges nodules. Incisés, ceux-ci révèlent des animaux fossilisés datant des premiers âges.
Il y a 500 millions d'années, quand il n'y avait qu'une mer et qu'une terre, prirent naissance des formes primitives de vie au fond des mers, les trilobites. Ils sont là car les terres prirent la place du grand océan. Et il y a 350 millions d'années, la masse continentale qui reliait l'Amérique et une partie de l'Europe actuelle fut portée en hauteur. Des Appalaches à l'Est de notre continent se dressa, comme l'Himalaya actuel, une gigantesque chaîne montagneuse. Et furent soulevés les monts de l'Espinouse, du Caroux. Et, en avant des monts, furent déversés les nappes de sédiments. Ainsi dans les actuels monts de Faugère.
Au fil des jours, des siècles, des millénaires et des millions d'années, les intempéries ont aplani, creusé, incisé ces hautes terres anciennes où les hommes ont trouvé refuge à l'aube de leur histoire. Chassant dans les forêts de chênes et de hêtres, ils habitaient les grottes des montagnes 6 000 ans avant notre ère, cultivaient le blé et, à leurs pierres dressées, donnaient parfois une apparence humaine. Venus des Alpes, puis des régions du Danube, ces humains-là excitent notre imagination. D'autres leur succèdent qui, avant les Romains, peuplaient les sites favorables.
Les Romains ont laissé des ponts et le travail de la mine. Et, dès le Moyen-Age clérical et militaire, les villages s'accrochèrent aux pentes des massifs au-dessus de l'Orb : Le Poujol, Colombières, Vieussan.
S'il y a toujours des fêtes des châtaignes au début du mois de novembre, la déprise a gagné les châtaigneraies. Les enfants ne gardent plus les chèvres et la laine des moutons n'est plus tissée à Colombières, ni même à Saint Pons. On ne fait plus le vin chez soi avec le raisin de sa vigne. Le beau terroir de schiste ancien fournit chaleur et saveur, mais le viticulteur se doit d'être dynamique. Il faut diversifier les cultures, faire place aux cerises, aux pêches, au soja, au maïs.
Et puisque, hormis tourbières et prairies des zones planes des sommets, les pentes sont couvertes de chênes verts et de châtaigniers, cette parure doit être préservée. L'ONF s'emploie à conserver cet écrin qui protège les randonneurs par grand soleil. Car le climat, plus rude certes en hiver, est proche de celui de la plaine comme en témoignent l'érable de Montpellier et autres plantes méditerranéennes. L'activité des hommes n'a pas défiguré les sites et, des férus d'escalade aux kayakistes, les Hauts Cantons offrent à tous leurs attraits.
Comme au promeneur dans ces paysages de roches, d'arbres et d'eau d'où naissent de belles et fortes impressions.
Hervé le Blanche.
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